Appel à contributions — Journée thématique sur le Web 3.0.
Le Laboratoire de cyberjustice invite les étudiant-es, candidat-es au doctorat ou à la maîtrise, à soumettre un sujet de communication en lien avec le thème de la conférence, soit le Web 3.0.
Deux étudiant-es seront invités à participer à deux tables rondes dans le cadre d’une journée thématique consacrée au Web 3.0 qui se tiendra à l’automne 2023.
- Table ronde n° 1 — Les promesses et applications du web 3.0. Émancipation du citoyen et désintermédiation de la société
- Table ronde n° 2 — Des défis et réglementations du web 3.0
Le Laboratoire de cyberjustice prendra en charge les frais de voyage et d’hébergement des candidats sélectionnés.
Critères de soumission
- Le texte de la communication doit être lié au domaine du droit des technologies et respecter le thème de la journée thématique : Web 3.0. Veuillez préciser à quelle table ronde vous souhaitez participer.
- Le texte ne doit pas être un article qui a déjà été publié. Le texte ne doit pas dépasser trois pages et peut être rédigé en français ou en anglais. Veuillez noter que les communications seront tenues en anglais.
- Le document doit être soumis en format PDF avant le 30 avril 2023 à l’adresse électronique suivante : alexandre.lapalme@umontreal.ca.
- Les communications reçues seront soumises à un processus d’évaluation en simple aveugle.
Détails de la journée thématique
Titre : « Web 3.0 : de la décentralisation à l’émancipation ? »
Date de la journée : 16 octobre 2023
Lieu : Événement au Laboratoire de cyberjustice (B-2215), Pavillon 3200 Jean-Brillant, Université de Montréal
Note conceptuelle
Après le web encyclopédique de la première génération et le web social ou participatif, le Web 3.0 annonce une nouvelle ère de l’Internet, celle de la « grande décentralisation » avec un modèle de gouvernance fiduciaire intégré dans la technologie. L’expression émerge en réaction à la « grande domination » des Big Tech sur les plans tant des infrastructures numériques que de l’accès au contenu, depuis la constitution des gigantesques bases de données sûres et générées par les utilisateurs tiers jusqu’à la consolidation d’une nouvelle économie fondée sur la donnée. L’avènement du Web 3.0 promet un cyberespace ouvert, distributif, libre d’accès, fiable et vérifiable même en l’absence d’intermédiaires de confiance : un cyberespace ubiquitaire où le « consommateur » du web 2.0 devient enfin « citoyen » du monde. À l’économie des données se succède une économie de partage ou collaborative redonnant une liberté d’agir, de travailler et de vivre à tous et chacun. L’utilisation des registres distribués pour enregistrer et valider les transactions à base de crypto-monnaies et exécutés par des contrats intelligents ébranle le rôle central jusqu’alors dévolu aux institutions financières et au gouvernement comme intermédiaires de confiance. De la finance (deFi) à l’entreprise (DAO) en passant par la gestion des données d’utilisateurs, l’ambition de la décentralisation est sur toutes les lèvres.
Et pourtant, le web 3.0 annonce-t-il vraiment la démocratisation de l’Internet ? Le Livre Blanc de Bitcoin, sorti au milieu de la crise bancaire et financière de 2008, a voulu présenter un système de paiement électronique pair-à-pair qui s’inscrit comme une alternative — et critique — au système financier existant. Or, le coût énergétique élevé pour la validation des transactions sur les chaînes de blocs ne pourrait être assumé que par une minorité de mineurs et partant, favorise la concentration du pouvoir décisionnel aux mains de quelques « privilégiés ». Plus fondamentalement, si la perspective d’un crypto-capitalisme inquiète plus d’un, c’est moins en raison de ses nouveautés que du caractère éphémère de ce vent d’émancipation qui ne tardera à être instrumentalisé par les États, les intermédiaires de confiance traditionnels voire les Big Tech du web 2.0. Outre des défis de conformité à court terme, des réformes réglementaires à long terme sont en voie de se cristalliser pour absorber, définitivement et durablement, le web 3.0 dans le cadre réglementaire existant : pensons notamment à la (nouvelle) fiscalité des monnaies numériques, aux mesures de contrôle contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme, la reconnaissance juridique des DAO comme une forme légale d’entreprise. À mesure que gouvernements, banques centrales et réseaux sociaux créent leurs propres monnaies numériques et entretiennent leurs propres registres distribués pour optimiser les services aux citoyens, que reste-il des idéaux de décentralisation du web 3.0 ?
Ce contenu a été mis à jour le 14 décembre 2023 à 11 h 15 min.